L’ HISTOIRE DU YOGA
« Le Yoga est le gardien de la Loi éternelle, le Yoga est le gardien de la Connaissance.»
(Yoga-anka)
-Définition du mot yoga : Dérivé de la racine sanskrite « yuj » qui veut dire unir, le mot Yoga fut donné très tôt à l’ensemble des techniques psycho-physiologiques des anciens peuples de l’Inde. Le même terme sert à désigner à la fois, le but à atteindre et les moyens mis à la disposition de l’aspirant pour y arriver. Pris dans le sens de « lien », le mot Yoga est donc synonyme du mot re-ligion (ce qui relie). C’est l’union du moi individuel au Soi universel, c’est à dire Dieu.
–Origine du yoga : L’origine du Yoga se perd dans la nuit des temps. Son histoire est aussi vieille que celle de l’humanité. C’est l’histoire de l’homme face à ses peurs, face à ses doutes, face à ses interrogations et face à sa réalisation. Le Yoga commence en fait, avec les grandes questions de l’être pensant : Qui-suis-je ? Qu’est-ce que la Conscience ? Qu’est-ce que la Vie ? Ces questions sont inscrites au plus profond de nous-mêmes. Que nous soyons Européens, Africains, Asiatiques, Américains ou Océaniens, nous sommes tous des êtres humains, ayant une origine commune et un destin commun. Nous vivons tous sur une planète bleue, en orbite quelque part autour d’une des innombrables étoiles de notre galaxie, parmi les centaines de milliards de galaxies qui forment l’univers.
1- L’INDE ET LE YOGA
« Loin de nous dans le rêve et dans le temps, l’Inde appartient à l’ancien Orient de notre âme.» (André Malraux)
Invitation au voyage : Pour bien comprendre l’évolution de la pensée humaine et sa découverte du Yoga, nous allons faire maintenant, un grand voyage dans l’espace et dans le temps. Nous allons nous rendre en Inde, afin de mieux cerner notre sujet.
Le berceau de l’Inde : Géographiquement, l’Inde est délimitée au nord par l’Himalaya, à l’est par le golfe du Bengale, au sud par l’océan Indien et à l’ouest par la mer d’Oman. Jadis le Pakistan et le Bengladesh faisaient partie intégrante de ce vaste territoire.Nous devons regarder l’Inde, comme une sorte de mosaïque géante de peuples, de coutumes, et de religions variées. Contrairement au reste du monde, l’Inde a su préserver (mais pour combien de temps ?) son ancien héritage. C’est un véritable tableau vivant de l’évolution de l’humanité, où se côtoient toutes les religions, toutes les croyances, et toutes les superstitions.
HISTOIRE DE L’INDE:
L’Inde offre une telle diversité de géographies, de périodes et d’événements différents, qu’il nous faudrait plusieurs ouvrages pour bien expliquer toute la richesse et l’importance d’un tel pays. Dans le petit résumé historique qui va suivre, nous nous référerons essentiellement aux ouvrages d’Alain Daniélou.
A-PÉRIODE PRÉHISTORIQUE
Le paléolithique : la préhistoire a commencé il y a 3,5 millions d’années et s’est achevée avec l’invention de l’écriture. Nous ne pouvons dire que peu de choses sur ces temps très reculés. L’australopithèque est apparu vraisemblablement en Afrique. Encore très proche du singe, il fait bientôt place à l’homo habilis, premier représentant du genre auquel nous appartenons. Avec ses mains agiles, l’homo habilis apprend à tailler ses propres d’outils et à construire des abris. La vie en communauté suscite de nombreux échanges, dont l’utilisation du langage articulé (forme rudimentaire). Il y a environ 2 millions d’années, l’homo erectus surpasse son ancêtre par sa taille plus haute, et son intelligence plus développée. Il émigre progressivement vers le nord, à la recherche d’une nourriture plus abondante. Entre 800 000 et 500 000 ans avant notre ère, la maîtrise du feu marque une étape importante dans l’histoire de l’évolution de l’humanité. La famille des hominides se compose alors de plusieurs espèces, dont l’homme de Neandertal. Il vit en Europe et sur la côte orientale de la Méditerranée, invente de nouvelles techniques et enterre ses morts. Avec l’arrivée de l’homme de Cro-Magnon (homo sapiens = homme sage), il y a environ 150 000 ans, nous sommes maintenant en présence de notre lointain parent. Il parle, nous ressemble en tous points, vit en nomade, et ne tarde pas à coloniser la terre entière.
L’animisme: Pour les hommes du paléolithique, la création toute entière relève du « Grand Mystère ». Toutes les forces de la Nature sont perçues comme des « Puissances » pouvant être amadouées, et l’Animisme devient la religion commune à l’ensemble de l’humanité. Le culte des ancêtres, le monde des esprits, la pratique de la magie et de la sorcellerie, les petites et les grandes superstitions, tout cela provient de ce lointain passé. Nous trouvons encore dans les contrées les plus reculées de l’Inde, des descendants de ces anciens peuples. Ces Proto-Australoïdes sont appelés Adivâsi (premiers occupants). Ils n’ont que peu de contact avec le monde extérieur, conservent jalousement leurs rites et leurs coutumes et parlent un langage de type munda ou mom-khmer.
L’arrivée des dravidiens au néolithique: à la fin de l’ère glaciaire, aux alentours de 12 000 ans avant J.C., le climat général de la terre se réchauffa brusquement, et les conditions d’existence devinrent beaucoup plus clémentes pour l’ensemble de l’humanité. Les anciennes tribus nomades se sédentarisèrent petit à petit. Elles apprirent à cultiver la terre, à domestiquer des animaux, à fabriquer toutes sortes d’objets, et à vivre dans des villages fortifiés. C’est durant cette même période, qu’apparut en Inde un peuple nouveau à la peau brune et aux cheveux lisses : les Dravidiens. Leur origine reste assez obscure. Selon leur propre légende, ils seraient venus d’un continent englouti par les eaux, suite à la fonte des glaciers.
La civilisation de l’Indus et de la Sarasvati: Quatre mille ans avant notre ère, les Dravidiens occupaient déjà une grande partie de l’Inde. Ils développèrent une civilisation raffinée (civilisation de l’Indus) qui atteignit son apogée avec la construction des cités de Mohenjo-Dora, et d’Harappa sur les bords des fleuves Indus et Sarasvati (asséchée depuis longtemps). Ces deux cités (actuel Pakistan) ont laissé d’importants vestiges qui ont permis aux archéologues de se faire une idée assez précise de la vie à cette époque. Loin d’être une civilisation d’exclusion et de repli, la culture dravidienne entretenait au contraire de nombreux échanges avec le Moyen-Orient et le monde méditerranéen.
Le shivaisme ancien: La principale religion des Dravidiens fut le Shivaïsme. Religion encore proche de la nature, l’ancien Shivaïsme fait appel aux énergies des profondeurs pour s’élancer vers le Divin. Il inclut à la fois des éléments de magie, de sacrifice et d’obtention de pouvoirs. A ces fins, les adeptes avancés pratiquent des exercices de contrôle du corps et du souffle. Ils explorent leur monde intérieur et codifient une science qui prendra plus tard le nom de Yoga.
Le jainisme ancien: Une autre grande religion d’origine très ancienne se développa parallèlement en Inde. Sans être vraiment athée, le Jaïnisme à la différence du Shivaïsme, ne recherche pas prioritairement le contact avec le Divin. Sa philosophie dualiste (esprit-matière) prône la théorie de la transmigration, du karma et de la Libération finale du cycle des renaissances (Nirvana). C’est ce même fond de philosophie que nous retrouverons plus tard dans le Sâmkhya et dans le Bouddhisme.
B- PERIODE HISTORIQUE
Les grandes invasions aryennes: Aux alentours du IIe millénaire avant J.C., des peuples nomades venus d’Ukraine, sans doute pour des raisons climatiques, envahirent par couches successives, l’Inde, le Moyen-Orient et l’Europe. Leur pénétration dans la vallée du Gange se fit sur plusieurs siècles. Ils détruisirent les cités de l’Indus et s’établirent dans tout le nord de l’Inde. Les Aryens, ces hommes du nord à la peau blanche, combattirent farouchement les autochtones, et les réduisirent peu à peu en esclavage. Les Dravidiens qui ne furent pas vaincus, durent s’enfuir et se réfugier dans le Sud, où ils purent maintenir un état de relative indépendance jusqu’au début de l’ère chrétienne. Les Aryens établirent alors un système de castes héréditaires très élaboré, garantissant ainsi pour des millénaires leur domination et leurs privilèges. (Bien que le système des castes ait été officiellement aboli sous le gouvernement d’Indira Gandhi (1917-1984), la société indienne reste profondément marquée par ces divisions internes, et aujourd’hui encore, pour les hindous les plus orthodoxes, tous les Occidentaux sont considérés comme des hors-caste).
La religion des aryens: Les Aryens apportèrent avec eux leurs propres croyances et leur religion. Le Védisme, (ou religion des Védas), reposait avant tout sur l’autorité indiscutée de quatre livres sacrés : les Védas. Il consistait d’abord en la reconnaissance d’un véritable panthéon de Divinités (Indra, Agni, Varuna, Soma, vayu…) régissant les différents plans de l’existence. Le culte védique se caractérisait par la notion de sacrifice, de l’offrande solennelle faite à un dieu, en vue de l’obtention d’un bien, d’une faveur, ou d’un privilège. Ces cérémonies se faisaient généralement autour d’un feu, d’un foyer, réunissant une nombreuse assemblée, ayant à leur tête une classe de prêtres bien distincte : les Brahmanes. La théorie du karma et de la transmigration, telle que nous la connaissons actuellement, était complètement étrangère aux conceptions philosophiques et religieuses des Védas. Pour ces anciens Aryens, la vie idéale sur terre était faite pour durer « cent ans » et la mort n’était en fin de compte, que la continuité des mêmes jouissances et des mêmes privilèges, dans le paradis de leurs ancêtres.
Il existe 4 vedas, écrits par le sage Vyasa 1500 ans avant J-C (les Vedas sont les plus anciens textes de l’hinduisme, peut-être datant de plus de 8000 ans av. J-C et sûrement plus anciens et étaient passés oralement de guru à disciple. Vyasa les a mis par écrit en prévision du Kali yuga -l’âge sombre- afin qu’ils ne soient pas oubliés):
-rigveda
-sama veda
-atharva veda
-yajur veda
Le sanskrit: L’écriture est apparue simultanément en Inde, à Sumer et en Egypte vers 3 000 ans avant J.C. L’ancienne écriture de Mohenjo-Daro qui n’a pas encore été déchiffrée, semble avoir disparu juste après l’invasion des Aryens qui eux, ignoraient l’écriture. Il fallut attendre le VIe siècle avant J.C., pour voir apparaître en Inde une nouvelle forme d’écriture, d’origine sémite et à vocation commerciale. Les Aryens inventèrent alors une langue artificielle, dérivée du védique, qui se voulait parfaite, inspirée par les dieux, et employée par les érudits : le sanskrit. Cette écriture, particulièrement riche en vocabulaire métaphysique, permit aux Aryens de fixer par écrit leurs textes religieux et philosophiques, jusqu’alors retransmis oralement, et d’établir ainsi une véritable domination culturelle sur toute la société indienne.
Un grand brassage religieux: Nous ne savons pas exactement quand s’opéra cette transformation, mais il est certain qu’au contact des éléments autochtones, ou par l’effet d’une rapide évolution interne, les formes anciennes de la religion védique se modifièrent profondément. Les Aryens, tout en maintenant leurs privilèges sociaux, assimilèrent graduellement certains éléments des arts et des techniques des peuples conquis, ainsi que beaucoup des conceptions philosophiques et religieuses du Shivaïsme et du Jaïnisme. Aux cours des millénaires qui suivirent, l’histoire de l’Inde connut bien des périodes différentes.
Du védisme au brahmanisme: La première grande période s’étendit jusqu’à la fin du IIIe siècle après J.C. Elle correspond à la mise en place du panthéon hindou (Brahmâ, Vishnou, Shiva) tel que nous le connaissons aujourd’hui, ainsi qu’à la fixation et à l’extension des écrits référentiels (Upanishads, Darsanas). Cette période, très féconde sur le plan spirituel, met déjà en évidence une nette démarcation entre les formes extérieures de la religion ritualiste des Védas, et la recherche purement intérieure du Yoga.
Le boudhisme: Au fil du temps, la société indienne se figea dans une sorte de ritualisme stérile. Les cérémonies védiques, devenant de plus en plus sophistiquées et de plus en plus coûteuses, ruinèrent peu à peu le pays. C’est dans ce contexte social plus ou moins décadent, que naquit Siddartha Gautama, celui qui allait devenir pour l’ensemble de l’Asie, le Bouddha (l’Eveillé). Né en 563 avant J.C. dans une famille princière du sud du Népal, Gautama fut dès sa naissance promis à un destin exceptionnel. Renonçant au monde à l’âge de trente ans, il se livra alors à une ascèse intense pendant plusieurs années, et parvint finalement à l’illumination. Sa doctrine, reposant sur la théorie du karma et de la transmigration, se voulait une réponse concrète et radicale au problème de la souffrance humaine. Aussi exposa-t-il ses «Quatre Nobles Vérités», d’abord à ses anciens compagnons, puis à des disciples qui devinrent rapidement de plus en plus nombreux. S’opposant au Védisme (religion révélée) et au Shivaïsme (religion non-dogmatique), il combattit à la fois le système des castes, le ritualisme et les superstitions. Un Ordre fut créé et le Bouddhisme qui ressemblait plus à son origine à une philosophie qu’à une véritable religion, commença à prendre en Inde, une influence de plus en plus importante. Du IVe siècle au IIe siècle avant J.C., la dynastie des Mauryas favorisa davantage la nouvelle religion aux dépens du culte védique. Mais c’est en 274 avant J.C., que l’Inde entière, à la suite du roi Açoka, se convertit massivement au Bouddhisme. Pendant son règne, le roi Açoka convoqua un grand concile pour définir par écrit le Canon bouddhiste, et par là même pour combattre les hérésies. De nombreux missionnaires furent envoyés dans tous les pays voisins, ainsi qu’en Grèce et dans le monde méditerranéen.
Le jainisme: C’est à la même époque qu’apparut Mahâvira (559 avant J.C.), 24ème et dernier prophète de la religion Jaïn. Un lointain passé ayant déjà permis au Jaïnisme de s’établir en ces lieux, Mahâvira passa plus pour un réformateur que pour un innovateur. Son influence ne dépassa guère le cadre de l’Inde, malgré l’envoi de nombreux missionnaires. Néanmoins, plusieurs grandes valeurs liées à cette religion, telles la non-violence et le végétarisme, imprégnèrent et modifièrent profondément toute la société indienne. Aujourd’hui encore, cette très ancienne religion, toujours présente sur ce vaste territoire, quoique en faible pourcentage, porte témoignage d’un passé immémorial.
L’influence des grecs: Durant cette même période, l’Inde eut à subir la domination et l’influence des Grecs (IIIe- IIe siècles avant J.C.). Depuis les temps les plus anciens, le commerce et les échanges avec le monde méditerranéen n’avaient jamais cessé d’exister. Mais avec l’avènement d’Alexandre-le-Grand, et son désir de conquêtes, les Grecs allèrent établir en Inde et en Afghanistan, une véritable suite de petits royaumes, plus ou moins autonomes entre eux. L’influence des Grecs se fit surtout ressentir dans le domaine des arts, de la sculpture et de l’architecture. Mais finalement, peu de temps après la disparition d’Alexandre-le-Grand (323 avant J.C.), l’Inde se libéra définitivement de l’emprise des Grecs et reconquit son indépendance.
Le renouveau brahmanique: Au VIIIe siècle après J.C., l’Inde vit apparaître un vaste mouvement de renouveau spirituel en lutte contre le Bouddhisme. Des rois redonnèrent aux Brahmanes leurs anciens privilèges, le système des castes refait son apparition, et la religion Brahmanique développe un important corpus philosophique : le Védanta. Shankarâchârya, le plus illustre représentant de la pensée védantique, prôna un non-dualisme catégorique (Advaïta Védanta) et créa avec ses successeurs, un vaste réseau de monastères à travers l’Inde. Son influence fut très grande, et de très nombreux yogins suivirent son exemple, la voie abrupte de la Connaissance Pure (Jnâna-yoga) et du renoncement. Plusieurs autres courants de pensée védantique, moins radicaux dans leurs formes, virent aussi le jour à cette même époque et formèrent un ensemble d’écoles plus ou moins indépendantes : Védanta dualiste de Madhwa, Védanta de la «différence et non différence» de Nimbarka, Védanta de la «voie de la non-dualité pure» de Vallabha, Védanta du «non-dualisme tempéré» de Ramanuja.
Le shivaisme du cachemire: Le Shivaïsme du Cachemire fait aussi son apparition au VIIIe siècle de notre ère. Contrairement au Vedanta, il ne s’appuie pas exclusivement sur l’autorité des Védas et des Upanishads, mais trouve surtout son inspiration dans les Tantras et les Agamas Shivaïstes. La résurgence de ces textes anciens, jusqu’alors retransmis oralement, s’accompagna d’une pratique nouvelle, et d’une connaissance plus grande de toute la science du Yoga. Bien qu’il y ait eu plusieurs grandes tendances au sein de ce courant philosophique, la personnalité la plus éminente reste Abhinavagupta, génie éclectique du Xe siècle.
L’Inde médievale: D’autres mouvements encore se développèrent simultanément au cours de cette période si féconde de l’Inde médiévale. Citons le cas des Nâtha-yogins au XIIe siècle, qui reprirent le flambeau de l’enseignement du Hatha-yoga et des techniques secrètes, et celui des Lingâyats (adorateurs de Shiva), situés à l’extrême limite de l’orthodoxie brahmanique. Mais un autre fait majeur allait colorer et modifier toute la pensée philosophique et religieuse de l’Inde. La Bhakti (ou Amour-foi) quoique latente déjà dans certains hymnes des Védas et n’étant point non plus étrangère aux conceptions Shivaïstes des Tantras et des Agamas, prit réellement son envol avec le courant Vishnouïste et ses Avatars (Incarnations Divines). D’abord vécue comme une simple approche émotionnelle du culte religieux, la Bhakti enflamma le cœur des yogins, et devint le moyen le plus facile d’atteindre le Divin.
L’Inde médiévale: Dès le VIIe siècle après J.C. des commerçants arabes vinrent s’installer en Inde. Ils furent suivis peu de temps après par des troupes armées qui firent des incursions intermittentes jusqu’à la fin du XIIe siècle. Le premier Sultanat de Delhi (1206-1525) ne se fit pas sans heurts, et de multiples affrontements opposèrent les deux communautés entre elles. De nombreuses conversions forcées, particulièrement dans le nord du pays, modifièrent profondément le climat social et religieux de l’Inde.
L’empire mongol: Avec l’avènement de l’Empire mongol, et plus particulièrement sous le règne de l’empereur Akbar (1556-1605), le climat social et religieux devint plus tolérant et l’Inde vit se développer une culture raffinée, principalement riche dans le domaine artistique et architectural. Les mystiques musulmans jouèrent un rôle important dans le rapprochement des deux communautés, et de nombreux échanges s’établirent entre les soufis et les yogins. Durant cette même période, l’Hindouisme n’en demeura pas moins actif, avec une Bakhti ardente et passionnée en les personnes de Caitanya (1486-1533), de Vallabha (1479-1531) et de Mirabaï (1498-1546).
Le sikhisme: La religion Sikh apparut dans la région du Penjab, à la suite de Guru Nanak (1469-1539) qui ne cessa de proclamer sa vie durant, l’Unité transcendante de toutes les religions. Son message de Paix et d’Amour universel incita de nombreux hindous et musulmans à vivre ensemble, en toute liberté et en bonne intelligence. Mais quelques décennies plus tard, sous la pression exercée par les autorités mongoles, le Sikhisme devint alors une religion distincte et codifiée, avec ses rites et ses coutumes propres. Citons encore l’exemple illustre de Kabir, poète tisserand, doublement influencé par l’Islam et par l’Hindouisme, qui chanta ses poèmes aussi bien aux musulmans qu’aux hindous, avec tout l’amour d’un grand Sage.
La colonie britannique: De tout temps, l’Inde a entretenu des échanges avec le monde méditerranéen. Les Grecs, les Romains, les Arabes, se sont souvent relayés dans le contrôle du commerce des épices et des soieries. Les Portugais furent les premiers Occidentaux à ouvrir des comptoirs sur la côte ouest de l’Inde. Ils furent bientôt suivis par les Hollandais, les Français et les Anglais. Devant l’enjeu d’un tel marché, une dure bataille s’engagea entre ces quatre puissances. A la fin du XVIIIe siècle, tous les états indiens qui avaient été annexés par l’Empire Mongol s’effondrèrent, et seule l’Angleterre fut suffisamment assez forte pour maîtriser la situation à son avantage. En 1876 la domination britannique s’étendait alors sur tout le territoire indien, et dura jusqu’en 1947, date de la partition de l’Inde.
Des mouvements rénovateurs: Cette période fut marquée encore par différents mouvements de réforme au sein même de l’Hindouisme. Râm Mohum Roy fonda en 1823 une «église hindoue unitaire», connue sous le nom de Brâhmasamâj, et qui regroupa pour la première fois des hindous, des musulmans et des chrétiens. Son exemple fut suivi par d’autres réformateurs plus ou moins dissidents avec l’Hindouisme orthodoxe : Keshud Chander Sen (1838-1884) et Dayânanda Sarasvati (1824-1883).
D’authentiques sages réalisés: Mais l’Inde connut aussi au cours du XIXe siècle et du XXe siècle, d’authentiques grands Sages réalisés qui diffusèrent leurs enseignements bien au-delà des frontières de ce pays, et firent connaître le Yoga à l’Occident. Ramakrishna (1834-1886) fut peut-être le premier grand saint moderne à avoir un rayonnement mondial. Il proclama ouvertement, l’Unité transcendante de toutes les religions et trouva dans son principal disciple, Swami Vivekananda, le propagateur idéal de son message de Paix Universelle. Shrî Aurobindo (1872-1950) qui reçut dans sa jeunesse une éducation occidentale, fit un important travail d’actualisation du Yoga, et rédigea de très nombreux ouvrages, dont une magistrale traduction avec commentaires de la Bhavagad-Gîtâ. Ramana Maharshi (1879-1950), le sage le plus « dépouillé » de l’Inde moderne, enseigna la voie directe de la Connaissance, avec cette unique question pour tous : «Qui suis-je ?». Swami Ramdas (1884-1963) suivit quant à lui la voie ardente de la Bhakti et se fit connaître par son livre «carnets de pèlerinage», où il décrit d’une manière touchante, les principales étapes de sa transformation intérieure. Mâ Ananda Moyî (1896-1982) enfin, la grande Sainte de Bénarès qui fut l’exemple même d’un être exceptionnel réalisé dès sa naissance. D’autres grands sages encore se firent connaître de l’Occident au cours du siècle passé. L’accès à leurs enseignements se trouva grandement facilité, par la traduction simultanée de leurs œuvres en anglais et en français et par les liaisons aériennes quotidiennes entre l’Inde et le reste du monde.
C- L’INDE D’AUJOURD’HUI
Riche d’un passé plusieurs fois millénaire, l’Inde est assurément l’un des pays au monde les plus contrastés. Enfer pour les uns, paradis pour les autres, il n’est pas vraiment facile d’échapper aux images d’Epinal que nous avons tous en tête : surpopulation, misère, famine, castes, vaches sacrées, temples, maharadjahs, fakirs, yogins… autant d’images, autant de clichés qui se superposent à l’infini. Car l’Inde, c’est tout cela à la fois : un des principaux berceaux de la civilisation humaine, une mosaïque vivante de peuples et de cultures différentes, un sens profond du religieux et du sacré, mais aussi un immense défi économique et social, et d’inquiétants problèmes interethniques.
Avec plus d’un milliard d’individus, l’Inde est en phase de devenir le pays le plus peuplé de la surface de la terre. De son lointain passé, l’Inde nous livre un fabuleux trésor, une somme considérable d’Expérience, de Connaissance et d’Amour. Ce fabuleux trésor n’est autre que le Yoga : maîtrise du corps et de l’esprit, élévation de l’âme, pureté du cœur, don de soi, libération spirituelle, Union Divine.
2- LES TROIS GRANDS COURANTS DU YOGA
Trois grands courants de pensée philosophique du Yoga se développèrent successivement en Inde et formèrent aux cours des âges, différentes écoles de réalisation spirituelle, plus ou moins concurrentes entre elles.
Leur étude est indispensable pour bien saisir toute la complexité et la diversité qui existent dans le domaine du Yoga. Sans une compréhension claire et précise de ces différents systèmes, aucune sâdhanâ (pratique spirituelle) ne pourra être menée à terme, faute d’une base théorique solide.
A- LE SAMKHYA
«L’ignorance de la Réalité, c’est prendre l’impermanent, l’impur, le malheur, ce qui n’est pas le Soi, pour le permanent, le pur, le bonheur, le Soi.» (Yoga-Sûtras)
-Origine : Le premier grand courant d’enseignement traditionnel du Yoga trouve son inspiration dans l’ancienne philosophie du Sâmkhya. Le Sage Kapila qui passe pour être le fondateur du Sâmkhya, s’inscrit Lui-même dans une lignée beaucoup plus lointaine de yogins, ayant des origines communes avec le Bouddhisme et le Jaïnisme. C’est peut-être une des premières tentatives d’explication rationnelle et méthodique de l’univers, malgré l’absence de textes antérieurs à la période des Upanishads récentes. L’importante Sâmkhya-kârikâ d’Ishvarakrishna fut composée au milieu du Ve siècle de notre ère et les Sâmkhya- pravacana-Sûtras ne datent que du XIVe siècle.
-La Doctrine: Cette philosophie dualiste et athée, oppose deux principes fondamentaux entre eux : Purusha (le Soi, la Conscience) et Prakriti (la Nature, l’Energie). Pour le Sâmkhya, la monde spirituelle (le Soi) qui existe en nombre infini dans l’univers, est comme emprisonnée par la matière. Il est une « Pure Lumière Eternelle», pleine de félicité, dénuée de toute particularité, sans aucun attachement, totalement libre et indépendante. Pour le Sâmkhya le monde est réel (à la différence du Védanta), mais est en proie à la nescience (état d’ignorance spirituelle). Cette nescience est à l’origine de la souffrance, qu’elle soit physique, émotionnelle ou mentale et perpétue le cycle des réincarnations (samsara), condition pénible et transitoire de notre être. La prise de conscience de cette insatisfaction permanente (« tout est souffrance pour le Sage » : Yoga-Sûtras), conduira le jîva (l’expérimentateur individuel) à prendre du recul par rapport à l’ensemble de la création et à poursuivre une ascèse individuelle. Tout le travail du yogin consistera alors, pour ce courant philosophique, à dégager le Soi de l’emprise du non-Soi et à réaliser un état d’isolement total appelé samâdhi (recueillement) ou moksha (Libération). Cette Libération finale mettra fin au processus du karma (action dans le monde) et ouvrira les portes du Nirvâna (dissolution définitive de l’être individuel).
-L’enseignement: Patanjali (200 ans? avant J.C.) codifia cet enseignement, dans son célèbre ouvrage les Yoga-Sûtras et « l’immortalisa » par là même. Tout en conservant les deux grands principes de base du Sâmkhya (Purusha et Prakriti), Patanjali y introduira la dimension nouvelle d’Ishvara (le Seigneur), désigné par le mantra AUM, et la possibilité pour le yogin de se réaliser en s’abandonnant à la volonté Divine. Cette dimension nouvelle, encore à l’ébauche dans les Yoga-Sûtras, trouvera ultérieurement son plein épanouissement dans le Bhakti-yoga (Yoga de la dévotion). Pour le Sâmkhya-Yoga (ou Râja-Yoga) cinq « empêchements » font obstacles à la Libération finale de l’homme : l’ignorance (avidyâ), le sens de l’ego (asmitâ), l’attirance (râga), la répulsion (dvesa) et l’attachement à la vie (abhiniveca). Quand ces cinq « empêchements » auront été vaincus, par la pratique de la concentration et la méditation, il s’ensuivra automatiquement pour le yogin, la disparition définitive de l’attrait du monde et l’entrée dans le Nirbîja Samâdhi (Samâdhi sans graines).
yoga sutras patanjali en pdf
B- LE VEDANTA
«Rien ne peut trancher les liens de l’assujettissement, si ce n’est la merveilleuse épée de la Connaissance, forgée par la discrimination, lorsque le fil a été aiguisé par la Grâce Divine.»(Shankarâchârya)
-Origine: Le deuxième grand courant d’enseignement traditionnel du Yoga, apparaîtra plusieurs siècles plus tard, suite à un vaste mouvement du renouveau Brahmanique en lutte contre le Bouddhisme. Le Védanta qui en est sa base philosophique, remodèlera par là même, toute la pensée religieuse et spirituelle de l’Inde. Son influence fut donc très grande, puisqu’il est considéré pour la plupart des hindous, comme le plus pur et le plus orthodoxe de toutes les écoles de Yoga.
-La doctrine: Comme pour l’ancienne philosophie du Sâmkhya, seule la Connaissance Pure (Jnâna) est en mesure d’apporter la Libération finale et de mettre fin au cycle des réincarnations, mais à la différence près, que pour le Védanta, la dissolution définitive de l’être individuel ne se fera plus dans le Kaïvalya (état d’isolement spirituel), mais dans le Brahman (l’Absolu) Un et impersonnel. Le caractère illusoire et éphémère de la manifestation, sera aussi perçu avec une plus grande acuité et la Nature (Prakriti) deviendra avant tout la grande enchanteresse (Maya), celle qui emprisonne tous les hommes dans les filets de l’illusion et de l’ignorance. En ce sens, nous pouvons dire que le Védanta est une philosophie de la négation (neti, neti : pas ceci, pas ceci) où tout est irréel, si ce n’est le Brahman.
-L’enseignement: Les Upanishads védiques (Vie-IIIe siècle av. J.C.) constituent traditionnellement le Védanta (ou fin des Védas). C’est l’un des six darshanas (point de vue orthodoxe) de la pensée indienne. Tout son enseignement se trouve résumé dans les deux grandes formulations des Upanishads : Atman (le Soi) = Brahman (l’Absolu) et Tat Tvam asi (tu es Cela).
C- LE TANTRA
« Celui qui sait que l’univers est identique au Soi et qui considère le monde entier comme étant le jeu du Divin, celui-là étant toujours uni à la Conscience universelle est sans aucun doute, libéré dans cette vie même. » (Spandakârikâ, Nisyanda)
– Origine: Selon la légende Shivaïste, l’origine du Tantra remonte au début du Satya-yuga (Age d’or de l’humanité), lorsque le Seigneur Suprême (Parashiva) révéla Son Unité aux hommes. Aux cours des trois premiers âges (yugas), toute transmission ne se faisant qu’oralement, il n’y avait ni écriture, ni livre. Il fallut attendre l’entrée dans le quatrième âge (Kali-yuga) et l’appauvrissement général de la vie spirituelle, pour voir apparaître les premiers écrits et les dogmes. Aux environs de la moitié du 1er millénaire de notre ère, on assiste en Inde à la résurgence d’un nouveau courant de pensée philosophique : le Tantrisme. Son influence s’étendra progressivement à toutes les sphères de la vie sociale et religieuse et imprégnera profondément l’Hindouisme. Le culte populaire de la Déesse Mère (Parashakti) qui est une pratique totalement étrangère à la culture aryo-védique, ainsi que l’approche dévotionnelle et mystique du Yoga (Bhakti-Yoga et Tantra-Yoga), contrebalanceront les approches intellectuelles du Sâmkhya et du Védanta.
Le hatha yoga: Les concepts du samkhya de Patanjali qui definit la matière prakriti et la conscience Purusha se retrouvent dans le tantra avec Shakti (l’énergie, principe féminin) et Shiva (la conscience, principe masculin). L’union des deux opposés produit l’éveil ou l’unité. Le hatha yoga est dérivé du tantra et est une forme plus récente de ce dernier, apparu vers le 14éme siècle. Ha signifie soleil, tha la lune et yoga (-yuj en sanskrit) est un terme védique qui signifie le lien , relier (noter que hatha peut aussi être traduit par « effort », le hatha yoga est donc le yoga de l’effort) . Le hatha yoga est donc l’union du soleil et de la lune, de Shiva (masculin) avec sa shakti (feminin), ils deviennent paramshiva (au-delà de Shiva). Dans le hatha yoga ou yoga traditionnel, nous retrouvons les principes philosophiques de Patanjali mais associés également avec des techniques secrètes provenant du tantra avec les asanas, pranayamas, mudras et shatkarmas (purifications). Les textes de réference du hatha yoga sont Hatha yoga pradipika, Gheranda samhita, Shiva samhita et Goraksha samhita, téléchargeable gratuitement sur ce site.
– La doctrine: Dérivé de la racine sanskrite « tan » qui veut dire « étendre », les Tantras sont considérés habituellement, comme un développement des enseignements traditionnels révélés ultérieurement. Les Tantras sont de trois sortes. Il y a d’abord dix Tantras dualistes, appelés Shiva Tantras, puis dix-huit Tantras dualistes-non-dualistes, appelés Rudra Tantras et soixante-quatre Tantras non-dualistes, appelés Bhairava Tantras. Ce sont ces derniers qui sont liés au Shivaïsme du Cachemire http://niranjanayoga.com/shivaisme-du-cachemire/, dont un des principaux textes le sri vijnana bhairava tantra est disponible en francais sur ce site (traduction en francais de Lara Nila )
– L’enseignement: Le Tantra est moins à proprement parler, n mode de penser qu’un mode d’être. Il s’adresse moins prioritairement à l’intellect et à la raison, mais privilégie davantage le cœur et la perception directe. A la différence du Sâmkhya et du Védanta, le Tantra n’oppose pas les deux grands Principes de l’Etre (Purusha et Prakriti), mais les unit en un Principe Supérieur appelé Purushottama (le Moi Suprême : Lui), ou Parasâmvit (la Conscience Suprême), ou Parashiva (le Seigneur Suprême). Du fait de sa vision unifiée, le Tantra offrira à l’aspirant spirituel une liberté plus grande et une réalisation parfaite.
Le tantra ainsi que le hatha yoga incluent la connaissance de la kundalini shakti, énergie phénoménale et cosmique que nous avons tous en nous et située dans le périné au niveau de muladhara chakra. La connaissance des chakras, nadis, koshas et du prana est ainsi utilisé afin de réveiller la kundalini et accéder ainsi, avec un corps et un mental fort et purifié, à un état de conscience supérieure, la shakti (l’energie) s’unissant avec Shiva (la conscience). Le tantra base aussi son enseignement sur le coeur, lieu sacré où réside l’âme, le Soi ou la pure conscience.
3- LA SYNTHESE DES ENSEIGNEMENTS
« Ne discutez pas les doctrines et les religions, elles sont une. Toutes les rivières vont à l’océan. La grande eau se fraie mille chemins le long des pentes. Selon les races, les âges et les âmes, elle court en des lits différents, mais c’est toujours la même eau.» (Ramakrishna)
L’hindouisme moderne: Bien qu’une certaine rivalité ait pu exister entre ces différents courants de pensée philosophique, de très nombreux échanges et synthèses eurent lieu, au cours des âges, entre le Sâmkhya, le Védanta et le Tantra. L’Hindouisme moderne, tel que nous le connaissons aujourd’hui, est une vaste synthèse religieuse, où nous retrouvons toutes les influences passées qui ont jalonné l’histoire de l’Inde (voir article 1) : Animisme, Shivaïsme, Shaktisme, Jaïnisme, Védisme, Bouddhisme, Brahmanisme, Vishnouisme, mais aussi dans une proportion beaucoup plus faible, Musulmane et Chrétienne.
La Bhagavad-Gita: L’exemple le plus illustre de ces différentes synthèses se trouve assurément dans la Bhagavad-Gîtâ (le chant du Bienheureux Seigneur). Cet ouvrage qui fait partie de la grande épopée du Mahâbhâratha, peut être considéré à juste titre comme le fleuron de tout l’enseignement du Yoga. Partant de l’analyse philosophique du Sâmkhya, Shrî Krishna (l’Instructeur Divin) en élargit considérablement le sens, en employant d’abord le vocabulaire spécifique du Védanta et en exposant l’orientation métaphysique des Tantras (Purushottama : le Moi Suprême). Ce Chant qui a été une source inépuisable d’inspiration et d’élévation de l’âme pour des générations et des générations de yogins, représente aujourd’hui encore en Inde, une référence incontournable pour la plupart des hindous. Dans cette vaste synthèse, les principaux Yogas fusionnent en un Yoga Suprême qui représente l’idéal Divin complet.
La Bhagavad-Gita en pdf
« Séparer le Sâmkhya et le Yoga, c’est parler en enfant, non en homme sage ; si un homme s’applique intégralement à l’un deux, il obtient le fruit des deux. La condition qui est atteinte par le Sâmkhya, les hommes du Yoga aussi y parviennent ; celui qui voit Sâmkhya et Yoga comme une seule chose, celui-là voit. Mais la renonciation, ô guerrier au bras puissant, est difficile à atteindre sans le Yoga ; le sage qui a le Yoga atteint bientôt le Brahman. » (Bhagavad-Gîtâ)